Pour eux ,je ne mérite pas d’être ici.

Comme tous les jours, je me réveille dans cette étroite rue de Rome qui me semble sombre et effrayante. L’endroit est très peu abrité. Quand il pleut toutes mes affaires sont mouillées, du moins tout ce que j’ai : un vieux livre qui me rappelle ma famille, mes amis et un vieux matelas qui me sert de lit. Quand les gens passent dans la rue où je suis, ils me regardent avec un air effrayé ou dégoûté ; certains font semblant de ne pas me voir car, pour eux, je ne mérite pas d’être ici, je devrais être renvoyée dans mon pays.

Je me souviens des bons moments que je passais avec ma famille. Les bons gâteaux que ma mère me faisait et l’odeur de ces bons petits plats qu’elle cuisinait. Mon village aussi me manque, ces magnifiques couleurs sur les murs des petites ruelles. Mais tout à basculé le jour où mon village a reçu des bombes, tout le monde s’est alors mis à crier, c’est devenu l’enfer. Ce jour là, j’ai tout perdu, je me suis enfuie en laissant ma famille derrière moi, j’étais effrayée, alors qu’avant je me sentais entourée, libre et aimée.

Maintenant, je n’ai plus rien, juste ce vieux livre qui me rappelle l’endroit d’où je viens. Tout le chemin que j’ai du faire pour arriver là ! J’ai dû prendre un camion qui m’a amené jusqu’à Adana en Turquie, puis j’ai traversé la mer dans un cargo pour arriver à Catane en Italie. Nous étions tous entassés les uns contre les autres. Puis, pendant le trajet on m’a volé tout mon argent j’ai donc du finir le trajet par mes propres moyens pour enfin arriver à Rome. Je pensais que ce serait le début d’une nouvelle vie mais la réalité est toute autre ; je suis à la rue, je n’ai plus d’argent pour me payer un endroit où dormir ou manger ni de papiers pour pouvoir travailler. Les gens qui passent, me regardent, indifférents, alors qu’avant j’étais acceptée et à ma place.

J’espère que ma famille va bien. Je me demande s’ il y a encore la guerre là-bas. J’espère les revoir un jour mais pour l’instant je n’ai aucun moyen de les contacter. Plus tard, j’aimerais avoir un travail et une maison, mais surtout avoir un vrai lit et un endroit mieux abrité. J’aimerais que ma famille me rejoigne.

Emma LINARES